Le paysage rural présente un intérêt culturel particulier. En effet, il révèle comment les hommes géraient l’environnement naturel et les ressources naturelles limitées de façon durable, avec respect et en mettant l’accent sur la qualité.
Dans le paysage rural de l’île de Kythnos, l’on trouve des terrasses, appelées skàles (escaliers), ainsi que des structures réalisées en pierre sèche, également appelées kellià (cellules) et kalyvàres. Ces constructions en pierre sèche sont caractéristiques de l’architecture populaire. Elles créent des formes géométriques asymétriques, évoluent en suivant le relief du sol et forment leur propre architecture du paysage.
La construction en pierre sèche consiste dans la construction d’édifices à l’aide de pierres, sans utiliser aucun matériau de jointure, à sec. Les constructions en pierre sèche sont tantôt fortement visibles, comme les grands ensembles de cultures en terrasses, et tantôt discrètes et humbles, comme les structures utilisées dans l’élevage. Toutefois, elles sont toujours de bon goût et parfaitement adaptées à l’environnement naturel.
La construction en pierre sèche présente deux avantage fondamentaux qui font qu’elle fait partie intégrante de l’économie rurale. En premier lieu, elle n’exige pas de moyens techniques particuliers, tout en offrant l’isothermie car elle régule la circulation de l’air et les taux d’humidité.
En deuxième lieu, la technique de la pierre sèche permet d’organiser l’espace productif des communautés rurales, contribuant ainsi à améliorer le rendement des tâches agricoles et d’élevage. Les constructions en pierre sèche permettent d’entretenir ou de créer de nouvelles étendues cultivables en terrasses sur des sols inclinés ; elles facilitent la pénétration de l’eau et, ainsi, réduisent l’érosion du sol ; elles enrichissent l’aquifère et, en général, favorisent la production et la nature, elle-même. En outre, les murets en pierre sèche délimitent les propriétés ou forment des sentiers qui réunissent des agglomérations.
Pour ces raisons, les agriculteurs eux-mêmes sont les premiers à s’intéresser à l’entretien des constructions en pierre sèche ou à la réalisation de nouvelles. L’art de la pierre sèche est transmis oralement d’une génération à l’autre ainsi que par l’application pratique, au cours des tâches agricoles auxquelles participent tous les membres de la communauté. L’apprentissage de cet art renforce le sentiment d’appartenance à la communauté, la solidarité familiale et la préservation de la tradition. Malheureusement, au fil du temps, de moins en moins d’habitants des îles sont actifs dans le secteur primaire. Ainsi, les constructions en pierre sèche sont abandonnées et s’écroulent.
Cependant, l’art de la construction en pierre sèche est enregistrée dans la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2003. Cela montre combien il est nécessaire de protéger, de préserver et de mettre en valeur cet unique témoignage d’autarcie et d’équilibre écologique qui peut – en tant que tradition vivante – opérer comme une boussole vers un modèle de développement durable.
